Je n’ai rien contre le divertissement !
Moi aussi, comme la majorité de mes concitoyens, je souhaite oublier mes tracas quotidiens, même si mon idée des loisirs consiste plus à réfléchir qu’à m’abrutir devant les jeux télévisés. Traitez-moi de snobs si ça vous chante. De toute façon, la majorité a force de loi. Ce qui plait au plus grand nombre l’emporte aujourd’hui haut la main sans tenir compte du fond. Le succès adoube la connerie.
Comme vous le voyez, je n’ai rien contre le divertissement. Le problème est que le divertissement a depuis longtemps débordé de la niche où il s’épanouissait de manière légitime pour envahir tout le reste de la société. C’est maintenant à l’école, en politique, dans la culture et les arts qu’il inonde les terres arables et noie tout sur son passage. Point de salut en dehors de la légèreté, du « populaire » (mot dévoyé par excellence), des bons sentiments uniformes. Cantonné dans les cinq pour cent toujours émergés, il s’agit de faire entendre une voix dissonante, trouble, ennuyeuse, pathétique. Non contents de dominer de la tête et des épaules, les exploiteurs de temps libre voudraient aussi que la contestation, pour minoritaire qu’elle soit, finisse par se taire. Ceux qui sont déjà sous l’eau nous taxent d’envahisseurs. Nous ne sommes que des résistants.
Les commentaires récents