Voilà déjà un an que je tiens ce journal. Le terme est sans doute inapproprié puisque je n’y raconte pas ma vie. Ceci n’exclut en rien le sentiment d’intimité. Je m’y sens tenancier tout au plus, tôlier du peep-show plutôt que danseuse exotique. Cet exercice accompagne mon travail d’écriture et vice-versa. Je laisse à mes exégètes futurs le soin de démêler la pelote de fils (soyons aujourd’hui d’un fol optimisme).
Envisagé tout d’abord comme une vitrine, cet espace s’est peu à peu affranchi de son cadre, comme n’importe quelle activité littéraire. Les couleurs bavent maintenant sur le support, débordent en un joyeux bordel. C’est précisément là que ça devient intéressant. Je pense à ces répétitions publiques que le théâtre des années soixante, soixante-dix privilégiait. Confronter le brouillon à la réalité de la scène influait toujours sur le résultat final.
Il me faut confesser aussi qu’un tas (littéralement) d’objets paralittéraires ont fini par y trouver leur juste place. Toutes ces choses, dénouées de sens pratique, qui n’avaient pour destination aucun ailleurs s’y sont agglomérées comme des particules de limaille à un aimant.
Dans les méandres arithmétiques de l’ordinateur, j’entretiens également une rubrique fourre-tout et invisible que j’appelle le Cimetière. C’est une casse, un dépotoir textuel. Je m’y rends rarement, pour bricoler des pièces détachées, extraire un joint de culasse…
Le blog est bien plus présentable en fin de compte. C’est le sas par lequel transitent les carcasses inutiles, une exposition de bas-côtés.
De l’Enfer de l’Inconscient mal taillé au paradis du livre imprimé, je vous laisse mariner quelques jours dans ce qui est désormais mon purgatoire.
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